Plus heureux que moi

Dans le quartier de ma jeunesse, fallait'savoir parer les coups

Vivant sur mes gardes sans cesse, me conduisant comme un voyou

Je défendais mon existence en pensant que ça changerait

Car même graine de violence, un jour veut fleurir en bouquet.

J'ai les mains qui tremblent, j'ai le coeur qui bat.

On ne peut être, ce me semble, plus heureux que moi.

Les coups que l'on donnait bien sûr n'étaient pas tous très réguliers

Si j'en ai pris plein la figure, j'en ai rendu sans discuter

Bien qu'étant sur la défensive, bien qu'étant toujours aux aguets

J'ai vu une attaque si vive que je n'ai pas pu y parer.

J'ai les mains qui tremblent, j'ai le coeur qui bat.

On ne peut être, ce me semble, plus heureux que moi.

Je ne croyais pas à la chance, je ne croyais qu'en mes deux poings

Et ne faisais pas plus confiance aux femmes qu'au curé du coin

Et pourtant il faut bien le dire, pour une fille du quartier

Qui ne possédait qu'un sourire et un corps assez bien roulé.

J'ai les mains qui tremblent, j'ai le coeur qui bat.

On ne peut être, ce me semble, plus heureux que moi.

Me voilà pensant à l'église, me voilà prêt à me ranger

Je sens mes mains qui s'humanisent

Mes poings s'ouvrent pour caresser

Tout en moi cherche à se détendre, la brute est prête à s'adoucir

Mes lèvres cherchent des mots tendres et d'autres lèvres pour s'unir.

J'ai les mains qui tremblent, j'ai le coeur qui bat.

On ne peut être, ce me semble, plus heureux que moi.